Les personnes qui furent enterrées dans les tombes d’Astana vivaient dans la ville antique de Gaochang, située à quelques kilomètres plus au sud. Le site compte environ 1 000 tombes. Une importante communauté chinoise vivait à Gaochang aux Ve et VIe siècles, avant que la région ne passe sous le contrôle de la dynastie des Tang, en 640. Ses membres avaient conservé une croyance chinoise selon laquelle il y a une vie après la mort, pour laquelle nous avons aussi besoin d’argent et d’autres ressources matérielles. On a ainsi retrouvé dans les tombes d’Astana de la nourriture, des vêtements, des chaussures, ou la représentation de ces objets sous la forme de figurines. La plupart des épitaphes ont été rédigés en chinois. Les ornements sont également de style chinois (certains éléments décoratifs de style persan ont aussi été trouvés). Il se peut qu’Astana ait été un cimetière réservé aux Chinois. Certains corps de personnes originaires d’autres ethnies y ont toutefois été retrouvés. Une grande partie des découvertes réalisées à Astana sont aujourd’hui exposées dans des musées situés hors de Chine. Les tombes contenaient des peintures intéressantes et des figurines représentant à la fois des personnes de types mongoloïde et caucasien. Le cimetière occupe une surface d’environ 10 km2. Seules trois tombes sont accessibles au public. Il n'y a donc pas grand-chose à voir, mais le site se trouvant entre les grottes de Bezeklik et les ruines de Gaochang, il vaut malgré tout la peine d’y prévoir une petite halte lors d’une excursion aux alentours de Turpan.
Parmi les personnes enterrées à Astana (entre 273, sous la dynastie des Jin de l’Ouest, et 778, sous la dynastie des Tang) se trouvaient aussi bien de hauts fonctionnaires que des gens ordinaires. Il s’agissait généralement de tombes familiales, conçues de la même façon que celles que l’on trouve dans la région du corridor du Hexi, dans la province du Gansu. La plupart de ces tombes sont dotées d’un escalier en pente douce de 4 à 10 mètres de long menant à une porte taillée dans la roche d'environ un mètre de large et de plus d'un mètre de haut. À l’intérieur, les défunts étaient enveloppés dans des tissus et habituellement placés dans des cercueils en bois. Les défunts étaient disposés selon la génération à laquelle ils appartenaient. Des pièces de monnaie couvraient les yeux de certains d’entre eux. Il s’agissait de pièces chinoises ou byzantines, ou de copies de ces monnaies. Il est intéressant de noter que les archéologues ont trouvé dans l’une des tombes plusieurs sortes de pâtisseries : des tartes, des beignets et des brioches. Les tombes contenaient aussi des livres et des manuscrits. On y a également trouvé un grand nombre de momies naturelles. Il y avait aussi dans beaucoup de tombes une bannière funéraire illustrant le mythe chinois de la création du monde par Nuwa et Fuxi. Une grande statue moderne représentant Nuwa et Fuxi se dresse à l'entrée du secteur accessible aux visiteurs.
1. Ce grand cimetière compte principalement des tombes et des temples chinois datant du milieu du IIIe siècle à la fin du VIIIe siècle.
2. Il comprend au total 1 000 tombes environ, conçues comme les tombes chinoises que l’on trouve plus à l'est, dans le secteur du corridor du Gansu.
3. On peut en outre y observer deux momies et diverses œuvres d’art.
4. Le site est proche de Turpan et à environ 4 km au nord de Gaochang.
5. Les tombes d’Astana sont situées à proximité des grottes de Bezeklik et des ruines de Gaochang. La visite de ce site peut donc être prévue dans le cadre d’une excursion à la découverte de ces sites archéologiques.
Les Chinois ont commencé à s’établir dans la région à l’époque du développement des premiers échanges commerciaux le long de la Route de la Soie, au début du Ier siècle av. J.-C. Ils formaient une importante communauté à Gaochang aux alentours du Ve siècle. Au milieu du VIe siècle, les Göktürks régnaient sur la région et contrôlaient le commerce sur la route de la Soie. On leur doit une partie des œuvres d'art couvrant les parois des grottes de Bezeklik (柏孜克里千佛洞). Puis la région passa sous le contrôle de la dynastie des Tang vers l’an 640. Elle en fit un avant-poste militaire important et prit le contrôle de la route de la Soie. Après la rébellion d’An Shi (contre la dynastie des Tang), qui prit fin en 763, les Tibétains s’emparèrent de la région, coupant la Chine de l’accès qu’elle avait à la route de la Soie via cette région. Il se peut que ce soit suite à cette invasion tibétaine que les Chinois cessèrent, à la même époque, de se faire enterrer à Astana. Les Ouïgours sont quant à eux arrivés dans la région au milieu du IXe siècle, mais à cette époque-là, le cimetière n'était déjà plus utilisé.
Quand les Occidentaux arrivèrent dans la région, ils furent stupéfaits d’y découvrir les vestiges de villes antiques et de civilisations disparues. Une sorte de course archéologique s’engagea lorsque des spécialistes venus de divers pays européens vinrent dans cette région reculée à la recherche de nouveaux sites. Aurel Stein vint dans la région et fit expédier des pièces archéologiques vers les musées britanniques en 1907 et 1914. À l’époque de sa venue des centaines de grandes jarres se trouvaient sur le site des tombes d’Astana. Le site lui sembla d’une grande importance sur le plan archéologique. Il revint en 1915, fit d'importantes découvertes et expédia de nouveau de nombreuses pièces vers l’Angleterre.
Emplacement: Les tombes d’Astana se trouvent à environ 41 km à l'est de Turpan par la route G312.
Vous pouvez vous rendre jusqu’aux vestiges de Gaochang (situés seulement 4 km plus au sud), où vivaient la plupart de ceux qui furent enterrés à Astana. Les grottes de Bezeklik se trouvent à environ 11 km au nord. Les ruines de Jiaohe sont elles situées à une dizaine de kilomètres à l'est de Turpan. Un cimetière se trouve également à côté de cette autre ville antique, mais il est beaucoup plus ancien (IIIe siècle av. J.-C.). On y a découvert récemment les restes de personnes qui auraient appartenu à un mystérieux peuple caucasien, les Cheshi ou Yuezhi. Un musée leur est consacré, non loin des ruines de Jiaohe.