Pour les chinois, les ombrelles en papier aux décorations colorées sont aussi familières que les baguettes. On soupçonne leur existence en Chine avant le début de l'ère chrétienne bien que la première référence historique, faisant mention d’une ombrelle en papier fabriquée pour le carosse de l'empereur Wang Mang, date de la 21ème année de l'ère chrétienne. Wang Mang fonctionnaire royal, usurpa le trône pendant une courte période, généralement appelée «l'interrègne de Wang Mang», et créa la courte dynastie des Xin (9-24 après JC.)).
Selon les écrits de Fu Qian, officier militaire de haut rang, qui servit durant la période des Trois Royaumes (220-280 après JC.), l’ombrelle en papier de l'empereur Wang Mang possédait des articulations permettant son allongement et sa rétractation. Selon les écrits de Fu Qian, officier militaire de haut rang, qui servit durant la période des Trois Royaumes (220-280 après JC.), l’ombrelle en papier de l'empereur Wang Mang possédait des articulations permettant son allongement et sa rétractation. Néanmoins, l’ombrelle pliable déterrée du complexe funéraire du fils de Wang Mang, «Wang Guang», situé dans l’actuelle Corée, laisse supposer que la "technologie" de l’ombrelle pliable existait déjà à cette époque. Les découvertes archéologiques datées du VIème siècle avant notre ère, suggèrent l'existence d’articulations spéciales en laiton muni d’un dispositif de blocage qui pourraient avoir eu de nombreuses applications, notamment la construction d'ombrelles pliables.
Le tombeau de l'empereur Qin, le site de la célèbre armée de terre cuite (l'empereur Qin est le premier souverain chinois à s’être déclaré « empereur » et qui fonda la dynastie des Qin (221-207 avant JC.), renferme une reproduction en terre cuite d’un char possédant sur son côté une ombrelle placée dans un tube. Mais celle-ci n'étant pas pliable, nous ne pouvons être certains que l'original soit confectionné avec du papier, de la soie ou d’autres matériaux.
L'ombrelle chinoise est, par excellence, fabriquée avec du papier ou de la soie.. Les ombrelles recouvertes de soie sont les plus chères et les plus raffinées, mais aussi les plus difficiles à confectionner et à entretenir. En revanche, les ombrelles en papier se réalisent plus facilement. Elles peuvent être traitées à l'huile pour les rendre imperméables ou résistantes à l'eau et se prêtent admirablement à la décoration artistique. L’huile de tung gluante (alias l’huile de bois de Chine, extraite de l'hévéa, que l’on trouve partout en Asie centrale) sert à l’imperméabilisation de la plupart des ombrelles en papier produites de nos jours. Les provinces du Fujian et du Hunan constituent les principales régions de production des ombrelles en papier imperméables.
Le processus de fabrication d’un parapluie fixe (sans articulations) comporte 5 parties: la tête, le manche, les baleines, l’abat-jour en papier et l'embellissement artistique (un parapluie pliable implique naturellement une 6ème partie: les tiges articulées). La production de chaque pièce demande une grande habileté, les 5 parties devant parfaitement s’imbriquer pour former un parapluie. Bien que chaque partie soit importante, les tiges, l’abat-jour en papier ainsi que la décoration demeurent néanmoins plus difficiles à concevoir. L’écorce du mûrier sert à la confection des baleines qui nécessitent l’utilisation d’un matériau à la fois solide et souple. Le bambou, élément principal dans la confection des tiges doit être impérativement âgé d’au moins cinq ans. Les résines associées au bambou combinant solidité et flexibilité ne seront pas présentées dans cet article. Bien qu'il ne comprenne que 5 (parfois 6 parties), la création d'un parapluie chinois en papier nécessite 80 étapes avant de réaliser le produit fini.
L’abat-jour en papier composé d'un mince papier de fibre spéciale, très rigide et résistant à la déchirure, est ensuite imprégné dans un bain d'huile de tung, afin de le rendre hautement translucide (presque transparent). Une fois imprégné et séché, l’abat-jour est décoré. Les décorations varient de couleurs unies aux représentations de fleurs, d’oiseaux, d’arbres, de paysages et de caractères calligraphiques. Etant l'un des points forts du parapluie en papier chinois, l'embellissement artistique de l’abat-jour implique de nombreuses heures de travail. En plus de sa résistance à l'eau, l’abat-jour endure aussi les ravages du vent et de la pluie et ses motifs ne s'estompent pas au fil du temps. En ce sens, le savoir-faire de la production du papier pour ombrelle chinoise peut être comparé à l'art de la laque au Japon.