La fête du Shoton est l'une des fêtes traditionnelles les plus populaires du Tibet. Cette fête est à la fois consacrée au yaourt (le mot shoton signifie en tibétain "le banquet du yaourt"), à l’opéra tibétain et à la religion bouddhiste (elle marque la fin d’une période de méditation pour les moines). Elle a lieu chaque année au mois d'août (fin du sixième mois ou début du septième mois du calendrier tibétain). Elle représente un événement important pour les Tibétains, mais également pour les touristes.
La fête est marquée par diverses célébrations dans les rues, sur les places et dans les monastères de Lhassa. L’essentiel des activités se déroule dans la partie ouest de la ville, dans le parc du palais Norbulingka (罗布林卡, terme tibétain signifiant "le parc aux joyaux"), qui fut construit en 1755 pour servir de résidence d’été au dalaï-lama. Ce palais, doté du plus grand parc du Tibet, est classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Le parc, qui couvre une superficie d'environ 36 hectares, est un espace particulièrement bien adapté aux danses, banquets et autres réjouissances ponctuant la fête. Pendant la fête du Shoton, des tentes colorées y sont installées, de même que dans d’autres parcs de Lhassa.
Le premier jour de la fête, un thangka (peinture sur toile) est d’abord déroulé au monastère de Drepung, avant que les célébrations ne commencent à Norbulingka. Les habitants de Lhassa se réunissent dans le parc et, conformément à la tradition, assistent à des opéras tout en se régalant de yaourt. Les opéras sont joués par des troupes aussi bien professionnelles qu’amateurs. On peut également assister à des courses de yack, à des courses de chevaux et à des spectacles de danse.
Selon la tradition, les moines bouddhistes se rendent dans la montagne pour méditer. Cette retraite une fois achevée, les membres de leur famille les y rejoignent. Sur le chemin du retour, tous dansent, chantent et se nourrissent de yaourt. La fête du Shoton synthétise ces éléments de la culture tibétaine. Diverses activités (marchés, courses, spectacles) en font également un moment de détente. Y assister permet de s’imprégner de la culture tibétaine.
Selon les règles édictées par la secte bouddhiste Gelug, les lamas doivent demeurer dans leurs monastères entre les 4e et 6e mois du calendrier tibétain afin de ne pas risquer de tuer insectes et autres petits êtres vivants en leur marchant dessus. Une fois l’interdiction de sortir levée, les lamas sortent des monastères et la population leur offre du yaourt et fait donner des représentations d’opéra tibétain en leur honneur. Après 1642, le Phodrang Gandain (palais du Paradis) du monastère de Drepung devint le centre politique, religieux et culturel du Tibet. Des dizaines de milliers de personnes s’y rendaient alors chaque année afin d’offrir du yaourt aux lamas et d’obtenir leur bénédiction. Des troupes d'opéra tibétain et de danseurs s’y donnaient aussi rendez-vous pour jouer des spectacles. C’est de ce rassemblement que dérive l’actuelle fête du Shoton.
La présentation du Bouddha dans le monastère de Drepung est le prélude à la fête du Shoton. Le monastère est situé dans une vallée tranquille, qui s’anime soudain lorsque, au son d’un cor, une centaine de lamas transportent un immense thangka représentant Qamba Bouddha (le Bouddha Maitreya) hors de la salle Coqen du monastère de Drepung jusqu’à la plate-forme montée pour l’occasion à l’ouest du monastère, afin de l’exposer. Des fumées s’élèvent alors de toutes les directions, tandis que le son des cors résonne dans la vallée et que les moines chantent des soutras. L’immense thangka est alors solennellement déroulé, et les fidèles accourent pour offrir des hada (étoffe de soie) de couleur blanche. Le spectacle de ces innombrables pièces de soie blanche flottant devant la représentation du Bouddha est splendide. Deux heures plus tard, on roule de nouveau le thangka pour le rapporter à l’intérieur du monastère, d’où il ne ressortira pas avant l’année suivante.
Autre aspect important de la fête du Shoton, l'opéra tibétain est un spectacle à ne pas manquer. Des représentations sont données tous les jours à partir du deuxième jour de la fête, de 11 heures du matin jusqu’au coucher du soleil, au Norbulingka et dans un autre parc se trouvant à côté du palais du Potala. La représentation d’un opéra tibétain peut normalement durer plusieurs jours mais en raison de la durée limitée de la fête, les opéras joués à cette occasion ne sont que des extraits du répertoire. La fête du Shoton attire les Tibétains de tous âges.